Appel à communication
L’acceptabilité sociale : enjeu de gouvernance, enjeu de société
Colloque 25 et 26 mai 2023 à Nice,
Université Côte d’Azur
Les crises récentes au niveau international, que ce soit la pandémie de COVID19 ou plus récemment la guerre en Ukraine, génèrent des situations extraordinaires au sens littéral qui interrogent le pouvoir politique, les organisations (entreprises, ONG, associations, collectivités, syndicats…) et les individus. De l’échelle macrosociale à la focale microsociale, la notion d’acceptabilité sociale est de plus en plus présente. On peut la définir comme « l’assentiment de la population à un projet, ou à une décision résultant du jugement collectif que ce projet ou cette décision est supérieure aux alternatives connues incluant le statu quo » (Gendron, 2014). Une littérature significative sur ce sujet s’est constituée depuis une vingtaine d’années où par itération successive, on cherche à définir ce concept. L’acceptabilité sociale peut s’apparenter à une stratégie de relations publiques pour éventuellement anticiper des conflits, et elle peut simultanément être comparée à un dialogue entre la société civile et les décideurs (Battellier, 2012). Les enjeux de responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) sont pour certains « les fondements de l’acceptabilité sociale » (Yates, 2018). L’acceptabilité sociale est présente dans la sphère de l’entreprise, mais elle interroge également le politique où les prises de décision avec un mode participatif de gouvernance se développent grâce au potentiel de coordination et de partage des nouvelles applications numériques. Le thème de la démocratie participative qui conteste de plus en plus la représentativité et la légitimité des élus est un levier important des mouvement sociaux et politiques à l’œuvre. Le concept de d’acceptabilité sociale est sous-jacent à ce thème d’une actualité brûlante (Friser et Yates, 2021). Il existe donc une littérature qui tente de définir l’acceptabilité sociale, que cela soit au niveau conceptuel ou empirique, à travers un champ d’application singulier (Terrade et al. 2009), (Charest et Saglietto, 2020), (Simard, 2021). Il n’en demeure pas moins que nous partageons l’idée que « l’acceptabilité sociale demeure peu consolidée du point de vue de la théorisation » (Baba et Raufflet, 2015) puisque celle-ci peut s’appliquer à différentes échelles ainsi qu’à une multitude d’objets et de projets.
A partir de ces constats, le présent appel à communication propose d’interroger le concept d’acceptabilité sociale selon trois axes complémentaires.
AXE 1 Contributions théoriques sur l’acceptabilité sociale
Selon une approche interdisciplinaire, cet axe interroge les ressorts de l’acceptabilité sociale,
son appropriation par les acteurs sociaux, sa représentation médiatique et la source de sa
légitimité éventuelle (Bonnotte, 2016). Quelle valeur accorder au savoir profane des
« amateurs » (Flichy, 2010) dans l’élaboration de l’acceptabilité sociale ? Quelle matrice
théorique et méthodologique mettre en œuvre pour identifier et analyser des phénomènes
d’acceptabilité sociale ? Y-a-t-il continuité ou rupture dans la conception de l’acceptabilité
sociale au regard des autres modes opératoires d’adhésion à une décision ?...
AXE 2 L’acceptabilité sociale en action
Cet axe cherche à interroger les modes opératoires, les acteurs et les terrains investis par
l’acceptabilité sociale. Comment ces nouveaux dispositifs nécessitent éventuellement
l’adhésion des parties prenantes, en dehors du cadre normatif et/ou hiérarchique pour se
déployer ? L’acceptabilité sociale relève-t-elle d’une adhésion visant à éradiquer une
contrainte, un conflit ? Existe-t-il des invariants dans l’acceptabilité sociale quels que soient
les objets et les terrains d’études ? Existe-t-il des ressorts juridiques, psychologiques et
sociaux spécifiques qui méritent d’être analysés selon les configurations observées ?...
AXE 3 Acceptabilité sociale et politique
Nos sociétés sécularisées, multiculturelles interrogent les schémas et les institutions établis.
L’acceptabilité sociale, par la composante communicationnelle qu’elle propose, est un levier
important de l’évolution de nos sociétés. Elle interroge notre rapport à l’autre, ainsi que les
modes représentatifs, marqueurs de nos sociétés démocratiques ? Quel est le rapport entre la
démocratie participative, l’acceptabilité sociale et la communication politique ? Quel est
l’apport, l’influence du numérique dans la perception et le développement du concept ?
L’acceptabilité sociale est-elle une composante de l’opinion publique, un indicateur ou un
relais éventuel de groupes de pression ?...
Bibliographie indicative
Baba, S. & Raufflet, E. (2015). L’acceptabilité sociale : une notion en consolidation. Management international / International Management / Gestiòn Internacional, 19(3), 98–114. https://doi.org/10.7202/1043005ar
Batellier P(2012). « Revoir les processus de décision publique : de l’acceptation sociale à l’acceptabilité sociale » [archive], sur GaïaPresse.
Bonnotte, C. (2016). L’acceptabilité sociale est-elle un indice de la qualité de la justice administrative ?. Revue française d’administration publique, 159, 689-700. https://doi-org.gorgone.univ-toulouse.fr/10.3917/rfap.159.0689
Charest F., Saglietto, L., (2020), Stratégies de communication pour construire l’acceptabilité sociale d’une application en intelligence artificielle (IA) : l’analyse de vidéos anonymes (AVA), Communication et Management, n°2/2020, 35-50. https://doi.org/10.3917/comma.172.0035
Charest, F. & Saglietto, L. (2020). L’acceptabilité sociale de la technologie d’analyse de vidéos anonymes (AVA) : étude de cas dans trois magasins de détail québécois. Revue d’économie industrielle, 169, 195-219. https://doi-org.gorgone.univ-toulouse.fr/10.4000/rei.8957
Flichy P. (2010). Le sacre de l’amateur. Sociologie des passions ordinaires à l’ère numérique. Paris, Editions du Seuil.
Friser, A. & Yates, S. (2021). Article introductif – L’acceptabilité sociale, une question de démocratie participative ? Revue internationale de psychosociologie et de gestion des comportements organisationnels, XXVII, 5-16. https://doi-org.gorgone.univ-toulouse.fr/10.3917/rips1.069.0005
Gendron C, « Penser l’acceptabilité sociale : au-delà de l’intérêt, les valeurs », Communiquer [En ligne], 11 | 2014, mis en ligne le 01 février 2015, consulté le 13 avril 2022. URL : http://journals.openedition.org/communiquer/584 ; DOI : https://doi.org/10.4000/communiquer.584
Saglietto, L. & Charest, F. (2021). Technologies innovantes et communication d’acceptabilité. Communication & Organisation, 59, 263-277. https://doi-org.gorgone.univ-toulouse.fr/10.4000/communicationorganisation.10313
Simard, L. (2021). L’acceptabilité sociale au Québec : nouvel instrument normatif d’action publique. Revue internationale de psychosociologie et de gestion des comportements organisationnels, XXVII, 17-44. https://doi-org.gorgone.univ-toulouse.fr/10.3917/rips1.069.0017
Terrade, F., Pasquier, H., Reerinck-Boulanger, J., Guingouain, G. & Somat, A. (2009). L’acceptabilité sociale : la prise en compte des déterminants sociaux dans l’analyse de l’acceptabilité des systèmes technologiques. Le travail humain, 72, 383-395. https://doi-org.gorgone.univ-toulouse.fr/10.3917/th.724.0383
Yates, S. (2018). « L’acceptabilité sociale en tant que nouvel impératif des organisations» (dir.) Yates, S., Introduction aux relations publiques Fondements, enjeux et pratiques, Québec : Presses de l’Université du Québec, 203-227.
Yates S. (2015). Relations publiques et gouvernance participative : une vision partagée du « vivre ensemble » ? Communiquer – Revue internationale de communication sociale et publique, 15, 98-112.